Quelles sont les spécificités des sites Web des universités ?

En quoi les sites Web de l'Enseignement Supérieur et la Recherche (ESR) se distinguent-ils des autres sites ?

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La clarté de l'offre de formation

Les établissements d'enseignement supérieur français proposent des formations qui se conforment à plusieurs démarches, normes et référentiels : Processus de Bologne1, Espace européen de l'enseignement supérieur2, Qualiopi3, Répertoire national des certifications professionnelles4, Langage Harmonisé d'Échange d'informations sur l'Offre de formation5, Crédits ECTS6... Toutes ces initiatives visent à proposer des formations de qualité, dont le contenu, les méthodes et les objectifs sont clairs, avec une capacité à favoriser la mobilité des étudiants et la reconnaissance des diplômes en Europe. Cela passe en France par la réforme dite du “L.M.D.“ (« Licence, Master, Doctorat »). Les établissements supérieurs doivent respecter ces normes et standards sur leur site Web.

L'ouverture de la recherche

Les chercheuses et chercheurs doivent partager de façon ouverte les articles et livres issus de recherches financées par appel d’offres sur fonds publics1. D'autre part, les établissements sont tenus de valoriser leurs travaux de recherche2. Différents outils (DOI3, Crossref4...) et plateformes (HAL5, DOAJ6, PKP OJS7, OpenEdition8...) existent, avec lesquels il faut se connecter et s'articuler.

L'impératif d'accessibilité numérique

Les établissements publics et certaines entreprises privées (notamment celles réalisant un chiffre d'affaires supérieur à 250 millions d’euros en France) ont une obligation de conformité1 avec le Référentiel Général d'Amélioration de l'Accessibilité (RGAA)2. Cette obligation impose, pour chaque site, de publier une déclaration d’accessibilité, d’afficher l’état de conformité, de signaler les contenus non accessibles et d'informer des dispositifs d’assistance et de contact3. Il faut également publier le schéma pluriannuel d’accessibilité et les plans annuels afférents. L'amende en cas de non-respect peut s'élever à 20.000 €.

La nécessité de cybersécurité

Les établissements d'enseignement supérieur sont en charge de la prévention et de la gestion de leurs risques cyber : cybercriminalité, atteinte à l’image, espionnage, sabotage1. Ces risques sont de plus en plus importants, au point de causer des questionnements sur leur assurabilité2. Les Directions des Systèmes d'Information (DSI) des universités sont soumises à une pression très importante sur ce sujet, et doivent faire face avec des moyens trop faibles. Les sites Web font partie des éléments très exposés des systèmes d'information3.

L'opportunité de sobriété

Dans le cadre du plan France 20301, les universités ont été invitées par le gouvernement français, en automne 2022, à diminuer leur usage de ressources et d'énergie et à présenter un plan de sobriété énergétique visant à diminuer significativement leur impact. Les outils numériques ne représentent pas la majeure partie des ressources utilisées, derrière notamment les bâtiments, leur éclairage et leur chauffage. Néanmoins, un numérique plus sobre est une opportunité qui va dans le bon sens.

La tentation de la communication

Que l'on s'en réjouisse ou que l'on s'en attriste, les établissements sont en concurrence1 et sont devenus de véritables marques2. Elles ont une charte graphique, une stratégie de communication, et utilisent leur site Web comme un canal privilégié. En ce sens, elles sont tentées de surenchérir à grand renfort de vidéos et de multiplication des prises de parole, ce qui vient en contradiction directe avec la nécessaire sobriété numérique et informationnelle. Elles doivent donc trouver un équilibre entre la qualité de l'expérience utilisateur et la frugalité.

La priorité au logiciel libre

Plusieurs lois1,2 et rapports3,4 encouragent le logiciel libre à tous les niveaux de l'Etat5. Le Socle Interministériel des Logiciels Libres (SILL)6 liste les logiciels utilisés par l'administration, afin de faciliter leur réutilisation. Cette culture du libre est déjà très installée dans les universités et les écoles publiques, moins dans les écoles privées.

La perspective de mutualisation

On l'a vu, les établissements d'enseignement supérieur et de recherche présentent des particularités structurelles. Ces spécificités nécessitent de mettre en place des réponses ad hoc pertinentes, ce qui représente des coûts et des risques. En revanche, le caractère systématique rend la mutualisation des réponses particulièrement pertinente. Cette mutualisation est portée par diverses organisations comme l'AMUE1, E-SUP2, Cocktail3 ou d'autres, et s'appuie sur de nombreux logiciels libres.