Revue de littérature #40

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Débat - Philippe Descola et Baptiste Morizot : "Face aux bouleversements écologiques, il est temps de bifurquer et d’aménager le monde pour la vie"

Entretien du Monde, par Nicolas Truong, publié le 09 juin 2023, réservé aux abonnés.

"La crise climatique nous fait entrer dans une époque nouvelle que les concepts des Lumières peinent à appréhender, alors qu’il convient de refaire société avec la Terre, estiment l’anthropologue Philippe Descola et le philosophe Baptiste Morizot, dans un entretien au « Monde ». Dialogue entre deux explorateurs engagés.

Tous deux, qui participent à l’ouvrage collectif "On ne dissout pas un soulèvement. Quarante voix pour Les Soulèvements de la Terre" (Seuil, 192 pages, 11,50 euros), ont conscience que nous avons changé d’ère et qu’il convient de « bifurquer » afin de maintenir les conditions d’habitabilité de la planète."

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Guillaume Rouan : "Quels récits pour les transitions climatiques ? "

Guillaume Rouan, responsable des médias numérique, innovation vertueuse & nouveaux usages à l'espace culturel de Rennes Les Champs Libres revient sur cette notion de plus en plus utilisée dans les médias afin d’imaginer et de dessiner un futur désirable, les "nouveaux récits". Pour lui, "la polysémie du sujet et la complexité des enjeux"l'ont poussé à explorer"ce thème fondamental pour les transitions". Dans cet article, il nous propose une synthèse personnelle en abordant en introduction la question des récits en tant que langages, pour évoquer ensuite les pistes de contributions propres aux métiers de la communication. 

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Communication et changement climatique : de l’art de manier la peur habilement

Article The Conversation, publié par Marie-Claire Wilhelm, Maître de conférences à l’Université Grenoble Alpes et Marie-Laure Gavard-Perret Professeure des universités en gestion, Grenoble IAE, publié le 6 juin 2023.

"Pour susciter l’action face au changement climatique, quelle communication adopter ? La peur est-elle un levier efficace ? Ou au contraire constitue-t-elle un frein à l’action ? Ces questions sont importantes, alors que nous oscillons entre écoanxiété et dissonance cognitive face à l’urgence climatique.

Sur ce sujet, la discipline du marketing social fournit des pistes de réflexion intéressantes. Elle étudie en effet « l’adaptation des techniques du marketing commercial à des programmes conçus pour influencer le comportement volontaire d’audiences cibles de façon à améliorer leur bien-être personnel et celui de la société dont ils font partie ».
L’application du marketing au changement social, qui repose aujourd’hui sur des travaux de recherche solides, reste pourtant méconnue du grand public. L’objectif n’est pas de redorer l’image de la discipline mais de la mettre au service de causes sociales et sociétales – en l’occurrence les conséquences du changement climatique pour l’individu et la planète.

Dans cette perspective, le marketing social encourage l’idée qu’avoir recours au levier d’une peur modérée peut s’avérer pertinent, autrement dit une peur suffisante pour susciter l’action mais pas trop forte car elle deviendrait alors un frein. D’autres conditions doivent toutefois être réunies pour que ce recours soit efficace. "

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Tribune Éloi Laurent : "Tant que les injonctions à la sobriété collective voisineront avec le spectacle du luxe, la transition écologique sera source de défiance"

Tribune du Monde par Éloi Laurent, économiste enseignant à Sciences Po et Stanford University en Californie, publié le 4 juin 2023, article réservé aux abonnés.

Selon l’économiste Eloi Laurent, "la réussite d’une transition écologique juste passe par la mise en œuvre du triptyque : réduire les inégalités, repenser les besoins humains et réinventer la coopération sociale."

 "Un débat large et nourri s’est enfin ouvert en France sur la nécessité de combiner transition écologique et justice sociale et l’on ne peut que s’en réjouir. Pour le dire simplement, la transition écologique est nécessaire et c’est la justice sociale qui la rendra possible. Mais il importe d’identifier clairement trois nœuds de la transition juste, à l’heure où les pouvoirs publics s’apprêtent à engager une action qui se veut décisive." 

  • Le premier nœud "tient au rôle dans la transition sociale écologique des « riches », c’est-à-dire en réalité à l’enjeu des modes de vie luxueux pour celles et ceux qui en bénéficient et mortifères pour le reste du monde." 
  • Le deuxième nœud "est le cœur même de la crise écologique : les structures de consommation et de production actuelles gouvernées par l’obsession de la croissance. Au nom du réalisme économique, les programmes de transition envisagés dans les cercles gouvernementaux font l’impasse sur le dépassement de la croissance économique comme horizon social, confondant efficacité et sobriété, misant sur un découplage infondé empiriquement et rabattant trop souvent le bien-être sur le pouvoir d’achat."
  • Enfin le troisième noeud concerne la "réinvention des formes de coopération sociale, seule à même de régénérer une démocratie que son raidissement autoritaire met gravement en danger".

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