David Bollier est un activiste et consultant politique américain impliqué dans le mouvement des Communs. Il est cofondateur, avec Silke Helfrich et Michel Bauwens, de Commons Strategies Group. Il était présent le 26 mai à Paris pour présenter la traduction en français de son ouvrage "Le pouvoir subversif des communs".
Les communs, un système social auto-organisé
David Bollier commence son discours avec une question centrale : les communs peuvent-ils nous aider à imaginer des voies nouvelles ?
Pour l'auteur, "les Communs sont invisibles, négligés et incompris". Un commun ce n'est pas simplement une ressource, c'est un système social auto-organisé. Il se caractérise par une communauté, une ressource et des normes sociales, qui vont au-delà du partage et de la coopération. Pour l'auteur, "les communs génèrent de la valeur à travers des relations vivantes dynamiques". Les systèmes vivants sont générateurs de valeurs.
La triade du commun
David Bollier aborde ensuite ce qu'il nomme la "triade du commun", qui se caractérise ainsi :
- Les ressources : fabriquer et utiliser ensemble, en prendre soin, partager les risques.
- La vie sociale : cultiver un objectif et des valeurs partagés, ritualiser la convivialité, contribuer librement, favoriser la réciprocité, renforcer le soi imbriqué.
- La gouvernance par les pairs : prix partagé, consentement du commoner (travailleur du commun) dans la prise de décision, transparence dans une sphère de confiance, partage généreux des connaissances.
Pour l'auteur, "le commun entraîne des valeurs et des logiques de fonctionnement différentes de celles de l'économie monétaire : une gouvernance par les pairs, une richesse partagée qui n'est pas à vendre, une justice, une responsabilité et des besoins de base".
Quelles institutions et infrastructures doivent être créées ?
La question clé posée par David Bollier dans cet ouvrage concerne les institutions et les infrastructures à créer pour ces communs. Il détaille quelques modèles institutionnels possibles :
- Des plateformes coopératives avec une gouvernance multipartite.
- Une production par les pairs basée sur les communs.
- Une gestion communautaire des actifs.
- Des services de soins fournis en tant que communs (garderies, bibliothèques).
- Des partenariats publics/communs avec la mairie.
En conclusion, David Bollier souhaite que la notion de commun soit décriminalisée et soutenue. Il plaide pour la mise en place d'une politique d'appartenance, d'une économie de la suffisance et d'une culture qui démarchandise et encourage le partage.